Le Foudroyant



copyright Marius Bar


  • Nationalité: Française
  • Type: Torpilleur
  • Position: 51°05.029' N / 2°15.489' E
  • Profondeur max: 28m
  • Taille: 107,20m x 10,10m x 4,20m
  • Coulé le: 1er Juin 1940





  • Histoire - Circonstances:
  • Destroyer de la classe "L'Adroit".
    Construit en 1929 sur le chantier "Dyle Et Baccalan" de Bordeaux (F).
    Marché 2480 D du 6 avril 1927.
    Mis sur cale en 1927, lancé 24 avril 1929.
    Armement pour essais le 1er janvier 1930. Entrée en armement définitif le 15 juin 1930.
    Clôture d'Armement le 10 octobre 1930. Admis au service actif le 24 octobre 1930.
    Il était incorporé dans la deuxième division de torpilleurs à Cherbourg.

    Le Foudroyant, comme les deux autres torpilleurs "Bourrasque" et "Ouragan", avait été détaché aux forces maritimes du nord à Dunkerque.
    Le Foudroyant arrive à Dunkerque le 1er novembre 1939 après avoir convoyé des navires de commerce entre Brest et Casablanca.
    A Dunkerque il effectue des patrouilles et transporte les autorités françaises de Boulogne à Douvres. Il participe à l'évacuation de l'Armée du Nord de Dunkerque à partir du 28 mai 1940. Le Foudroyant avait été envoyé à Dunkerque en remplacement de "L'Adroit" coulé le 20 mai.
    Le Foudroyant et le "Bourrasque" venant de Cherbourg arrivent à Douvres le 30 mai au petit matin. A 9h30 le "Bourrasque" reçoit l'ordre de se joindre au "Bouclier" et au "Branlebas" pour rallier Dunkerque par la "route Y". Ils arrivent à 14h 15 au quai Félix Faure encombré d'une foule de soldats et de marins.
    L'embarquement commence aussitôt, 300 hommes de troupe et 7 à 800 hommes provenant de divers services montent à bord de la "Bourrasque". Soixante-dix minutes plus tard les trois "B " sortent du port et croisent le Foudroyant venant de Douvres. Il venait d'être attaqué par une batterie allemande située près de Nieuport. Il riposta et les tirs cessèrent. Dans l'après-midi revenant de Dunkerque en direction de Douvres il aperçut la "Bourrasque" en train de couler.


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    copyright Marius Bar


    Le 31 mai, en allant à Dunkerque par la "route Y", Le Foudroyant croise le "Cyclone" faisant route sur Douvres à faible allure (l'avant arraché). Un peu plus tard, il rencontre un torpilleur anglais qui lui signale que la batterie de Nieuport tire mieux que la veille. 50 coups seront tirés contre la batterie allemande de Nieuport. Arrivé à Dunkerque, l'embarquement doit être fait par l'avant car l'accostage du bâtiment est impossible en raison des épaves de torpilleurs anglais et de navires le long du quai. La batterie de Nieuport semble muselée pour la journée, car à son retour, alors que Le Foudroyant est chargé de troupes, elle ne tire aucun coup de canon. De retour à Douvres, Le Foudroyant accoste le "Cyclone" qui lui fournit du mazout afin de s'alléger".

    Le 1er juin vers 8 heures, suivant les ordres du navire amiral Savorgnan de Brazza, Le Foudroyant, appareille de Douvres pour aller à Dunkerque par la "route X" à une vitesse de 25 nœuds. Vers 10h30, se trouvant à 6 milles de Fort-Mardyck, il est attaqué par une nuée de bombardiers (vraisemblablement des "heinkels" et "stukas" selon les témoins). Touché par 3 fois du fait de son incapacité à manoeuvrer (chenal trop étroit à cet endroit), le bâtiment se casse sur l'arrière du tube lance-torpilles, se couche sur babord et coule très vite. L'armement des mitrailleuses tire toujours. L'équipe de sécurité ferme les vannes d'arrêt des chaudières. Le capitaine de corvette Fontaine, commandant du Foudroyant, donne l'ordre d'évacuation. L'équipage monte sur le côté tribord et se jette à l'eau sans panique, sans un cri. L'action et la mise hors de combat du bâtiment n'ont pas duré deux minutes, ne donnant le temps ni de prévenir par T.S.F., ni de détruire les D.S., ni de mettre un radeau à l'eau.
    Les survivants sont emportés vers l'Est par le courant, sous le feu de l'aviation allemande, en chantant la Marseillaise et en acclamant Le Foudroyant à pleins poumons. Le bâtiment disparaît au bout de 10 minutes.
    L'équipage est recueilli par plusieurs embarcations qui se sont approchées, et groupé sur le chalutier armé de Dunkerque "Bernadette de Lourdes". Il y a une vingtaine de disparus et plusieurs blessés et brûlés.




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  • Description sommaire:
  • Déplacement: 1 378 TW - 1 500 tonnes (normal) - 1 750 t (pleine charge).
    Longueur: 107.20 m, largeur: 9.91 m, tirant d'eau: 4,24m.
    Propulsion: - 3 chaudières du Temple.
    - 2 turbines à engrenages Parsons. - 2 hélices à 3 pales.
    Combustible: 340 tonnes, puissance: 31000 ch, vitesse: 33 noeuds.
    Autonomie: 2 300 milles à 14 nd.
    Armement :
    - 4 canons de 130 mm/40 Mod 24* (4 tourelles simples, 2 à l'avant, 2 à l'arriere).
    * Fin 1939, l’état-major décidera la suppression de la pièce n° 3 (supérieure arrière) malgré les protestations des commandants. - 2 canons de 37 mm AA Mod 25 (2 canons simples)
    - 2 mitrailleuses de 13 mm AA
    - 6 tubes lance torpilles de 550 mm (2 affûts triples) avec 6 torpilles Mod29D.
    - 2 grenadeurs de sillage à chaine galle.
    - 2 mortiers Thornycroft 100/250.
    - 16 charges de profondeur.
    Equipage: 7 officiers et 133 matelots - 9 officier et 153 matelots (guerre).

    Fin du navire: coulé à Dunkerque le 1er juin 1940 par la Luftwaffe, au large de la bouée 6W.

    Commandé par le Capitaine de Corvette Fontaine.
    Ce Torpilleur à porté durant sa longue carrière divers numéros de coque: 96 de 1931 à 1933, 43 en 1936, T52 en 1939. Numéros de couleur blanche avec liseré noir.


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    Images fournies par Bruno Pruvost. Le "Foudroyant" 96 et 99.


  • Description Actuelle:
  • Couchée sur bâbord, l'épave s'affaisse sous son poids et de plus en plus de brèches permettent l'exploration intérieure. Du fait de l'état de délabrement avancé de certaines tôles, celle-ci reste très dangereuse. A l'avant on peut observer l'ancre dans son écubier. Des trous sous la coque permettent d'aller voir le mazout encore contenu dans ses entrailles (après 60 ans d'immersion!). Des rangées d'obus et de caisses de munitions sont visibles dans les ouvertures présentes sur ce qui était le pont avant du bateau.



    La quille de stabilisation tribord permet de rejoindre l'arrière sans trop palmer. Dans le prolongement, un arbre tordu par l'affaissement de la coque nous conduit aux deux énormes hélices entourant un gigantesque gouvernail. Celle tribord pointant vers le ciel, l'autre posant sur le sable.
    La proue de l'épave se trouve dans le sud-est, la poupe dans le nord-ouest, approximativement dans un axe 325/155.






  • Documentation:

  • Le Service Historique de la Défense est momentanément indisponible.

    Vous pouvez consulter les plans et photos de ce navire en consultant:
    Le service historique de la défense.


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    Construction du navire en 1929.
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    Construction du navire en 1929.


    Photos source: Le service historique de la défense.

    Consulter les plans


    Voici un extrait de la Voix du Nord du 16 mai 1994 relantant les aventures du Foudroyant dans les combats de mai-juin 1940. Il fait référence à des épaves décrites dans ce site:


    Le torpilleur "Foudroyant"
    dans les combats de mai-juin 40.


    -------Michel Prince, président de la section des anciens combattants de Téteghem, nous a transmis le récit que lui a fait l'amiral Joseph Senechal, aujourd'hui disparu de la participation du torpilleur d'escadre "Le Foudroyant" à l'évacuation de la Poche de Dunkerque, en mai-juin 1940. L'amiral Senechal était alors chef du service des machines sur ce torpilleur qui a donné son nom à une rue de Rosendaël le 16 mai 1985.
    ------- Le torpilleur est arrivé à Dunkerque le 1er novembre 1939, après avoir participé à la protection de convois de navires de commerce entre Brest, Casablanca, Gibraltar et Bordeaux, comme à la grande époque des corsaires. A Dunkerque, il effectue des patrouilles, transporte de Boulogne à Douvres "les autorités françaises qui se rendent à Londres pour y rencontrer leurs homologues britanniques" et effectue diverses missions et transports de troupes, souvent sous les bombes de l'aviation allemande.
    -------Intégré dans la 2eme division de torpilleurs, il participe à l'évacuation de l'Armée du Nord de Dunkerque à Douvres à partir du 28 mai 1940. L'amiral raconte : "Le 30 mai, dans l'après-midi, faisant route sur Dunkerque, il est attaqué par une batterie allemande située près de
    par l'avant, l'accostage du bâtiment étant impossible en raison des épaves de torpilleurs anglais et de navires le long du quai.
    -------De retour à Douvres,"Le Foudroyant" accoste le "Cyclone" qui lui fournit du mazout afin de s'alléger".

    Le naufrage du "Foudroyant"

    -------"Le 1er juin 1940, à 8 h, Le "Foudroyant" quitte Douvres pour Dunkerque en suivant la route passant par le banc de Ruytingen-Dyck entre les deux champs de mines alliés disposés dans le Pas-de-Calais. Le capitaine de vaisseau de Portrampac, commandant le "Cyclone", et la 2ème flotille de torpilleurs, lui souhaite bonne chance.
    -------Vers 10 h 30, "Le Foudroyant" filant vingt-cinq noeuds se trouve à environ six milles de Fort-Mardyck.Il est à ce moment attaqué par un groupe de vingt à trente bombardiers allemands qui lâchent des grappes de trois à quatre bombes en piquant et en mitraillant.
    Une bombe déchire la coque à l'arrière bâbord du compartiment "machines" créant une voie d'eau et des avaries à quelques machines. De la vapeur fuse par la porte d'accès

    L'amiral Senechal lors d'une réception
    à la mairie de Dunkerque en 1985
    Nieuport. Il riposte et les tirs cessent. Peu de temps après, il croise le "Bourrasque", chargé de troupes et lui signale l'existence de la batterie. Revenant de Dunkerque, après avoir embarqué un contingent de soldats, il aperçoit la "Bourrasque" en train de couler après avoir sauté sur des mines. Constatant qu'elle était entourée de petits bateaux lui portant assistance, "Le Foudroyant" continue à faire route vers Douvres. Dans la nuit du 30 au 31 mai, le "Cyclone" et le "Siroco" sont torpillés par des vedettes rapides allemandes. Le premier a son avant fortement avarié et le second coule après avoir été achevé par deux bombes lâchées par un avion ennemi. Le 31 mai, dans la matinée, en allant à Dunkerque, "Le Foudroyant" croise le "Cyclone" faisant route sur Douvres à faible allure. Un peu plus tard, il rencontre un torpilleur anglais qui lui signale: "La batterie de Nieuport tire mieux qu'hier; il semble qu'on y ait mis des spécialistes". Arrivé à proximité de cette batterie, "Le Foudroyant" l'arrose avec cinquante obus de 130 mm. Elle cesse le feu et semble muselée pour la journée car elle ne réagit pas lorsque "Le Foudroyant" revient dans les parages chargé des soldats. L'embarquement a dû être fait au compartiment. D'autres bombes tombent sur la pièce 3. "Le Foudroyant" se casse à l'arrière, se couche sur bâbord et coule rapidement. D'après les officiers de marine basés à Fort-Mardyck, entre le premier impact de bombe sur la coque et le chavirement du navire, une minute et demie ne s'est pas écoulée. Les chaudières n'ont pas été touchées bien que quelques bombes soient tombées à proximité des chaufferies. Elles ont pu être isolées avant le naufrage du bâtiment. La rapidité avec laquelle "Le Foudroyant" a été mis hors de combat ne permet pas de lancer à l'eau embarcations et radeaux. L'équipage ayant évacué le navire continue à être mitraillé par les avions ennemis. L'équipage est repêché par plusieurs bateaux de faible tonnage et de nationalités différentes. Pour ma part, j'ai été repêché par un navire hollandais et c'est une fois à bord que je me suis aperçu que j'avais reçu une balle de mitrailleuse dans le bas de la jambe droite. Les rescapés du "Foudroyant" sont ensuite regroupés sur le chalutier""Bernadette de Lourdes". Il fait route sur Dunkerque pour les y débarquer mais il est refoulé des divers quais où il veut accoster et fait finalement route sur la côte anglaise sous une pluie de bombes".

    L'aviation:
    le plus grand danger

    ----"Sorti de Dunkerque, le chalutier "Bernadette de Lourdes" est pris directement à partie par des bombardiers ennemis qui mitraillent et lâchent des bombes secouant durement le bâtiment.
    Une partie des rescapés, dont je fais partie, est rejetée à l'eau par la violence des explosions. Le "Bernadette de Lourdes" est touché. L'eau monte dans les fonds. Il va s'échouer sur un banc de sable. Deux chalutiers anglais chargés de troupes viennent à son secours et embarquent une partie de son équipage et le personnel du "Foudroyant" pour les conduire à Ramsgate. Pour ma part, après avoir été rejeté à la mer, je suis repêché par un chalutier anglais, chargé de soldats britanniques, qui me débarque, peu de temps plus tard sur un chalutier français qui fait route sur Ramsgate pour y déposer des équipages de chars d'assaut ayant participé à des opérations en belgique. Je retrouve finalement à Ramsgate le commandant du "Foudroyant" et les membres de son équipage rescapés. Après un bref séjour en Angleterre nous prenons passage sur le bateau anglais qui nous ramène à Brest où nous arrivons vers une heure

    le 5 juin 1940. La bataille de Dunkerque coûtait cher à la 2ème Flotille de torpilleurs; sur les neuf bâtiments engagés, il n'en restait plus qu'un seul valide après la perte du "Foudroyant". Au total cinq unités furent coulées et quatre mises hors de combat. A noter qu'ayant considéré que, par la route suivie, lors de son dernier voyage de Douvres à Dunkerque, le seul ennemi dangereux était l'aviation, le commandant du "Foudroyant" avait fait enlever les pointes percutantes des torpilles et désamorcer les grenades sous-marines. Cette précau-tion a certainement permis d'épargner la vie d'un grand nombre de membres de l'équipage car le navire n'a pas explosé malgré des bombes qui, au cours de l'attaque, sont tombées très près des tubes lance-torpilles et des grenadeurs".
















    Voici un extrait du "Nord-Maritime du 27 juillet 1941" relantant la perte du Foudroyant
    dans les combats de mai-juin 1940. Il fait référence au conseil de guerre du Capitaine Fontaine:

    L’Odyssée et la mort du contre-torpilleur
    « Foudroyant » devant Dunkerque.
    1er juin 1940

    ----Il y a quelques jours, le Conseil de Guerre jugeait le Commandant Fontaine du contre-torpilleur «Foudroyant» coulé devant Dunkerque, dans la nuit tragique du 24 mai 1940.
    ----Ce magnifique officier fut acquitté glorieusement. Il fut reconnu qu’il avait fait tout son devoir.
    ----C’est l’épilogue de tout un drame qu’il faut consigner ici.


    ----Le 24 mai à minuit, le «Foudroyant», un des nos plus beaux lévriers des mers est à l’ancre devant les quais de Cherbourg. A une heure du matin, le commandant Fontaine est réveillé. Il doit embarquer 150 hommes et le «Foudroyant» doit regagner Boulogne tout simplement.
    ----De rudes gars, au coeur bien accroché, ces 150 nouveaux venus qui sont, en temps de paix, des pêcheurs de Boulogne. Celui qui les commande, c’est l’enseigne de vaisseau Fultot; c’est avec lui qu’ils ont coulé l’ «Orme»; c’est avec lui qu’ils ont connu l’embarquement hasardeux pour l’Angleterre, le «paquet individuel» (cette dernière bouée de sauvetage des marins, les escales forcées à Folkestone, Plymouth, Southampton, et Cherbourg enfin où le dépôt les a récupérés.
    ---- Ce sont eux et quelques fusiliers qui viennent compléter l’équipage du «Foudroyant».
    En route sur Boulogne….
    ---- 14 heures. – Le «Foudroyant» a largué les amarres.
    ---- - En avant toutes ;
    ---- - En avant toutes ;
    ---- - A droite, un peu ;
    ---- - A droite, un peu ;
    ---- D’écho en écho, les ordres, sont transmis, répétés. Puis ils sont exécutés. Les 1500 tonnes de coque fine, comme un bel animal nerveux, s’élancent vers le combat. Jamais le printemps n’a été plus beau dans le ciel bleu de France, sur la mer lisse comme un lac. Le «Foudroyant», monte vers le nord. A la corne, flotte le pavillon aux trois couleurs.
    ----15 heures. – Sur la passerelle, le commandant Fontaine passe en revue les 150 «marins de chalutiers» embarqués du matin. L’enseigne de vaisseau Fultot leur donne des ordres:
    ----- A Boulogne où je vous débarquerai, vous aurez à faire une «guerre d’enfants perdus».
    ----Il faut que ces enfants sachent se montrer des hommes.
    ----On n’a pas fait en vain, avec un chef que l’on estime,la dure expérience de l’ «Orme». Cette petite cérémonie sur laquelle veille la mer comme un unique et éternel spectateur, vient de prendre un sens singulièrement émouvant.
    …. Puis sur Dunkerque !
    ----16 heures. – Un message commandant !
    ----C’est Cherbourg qui télégraphie. Boulogne est aux mains des Allemands. Le «Foudroyant», reçoit l’ordre de dérouter sur Dunkerque. Le renseignement vient du lieutenant de vaisseau Raquez qui commande la flotte des patrouilleurs. Il rentrait au port quand les chenillettes allemandes ont fait feu sur son chalutier.
    ----D’ailleurs la côte n’est plus soudain, qu’un feu immense et menaçant. La voix des canons tonne de la mer à la terre. Des gerbes blanches encadrent les torpilleurs.
    ----17 heures. – Les ordres descendent de la passerelle du commandant au timonier.
    ----- A droite, quinze !
    ----- A droite, quinze !
    ----- Commencez le feu !
    ----- Commencez le feu !

    ----Hier, à cet endroit sous la nappe bleue de la mer, l’«Orage» en feu est allé baliser par le fond.
    ---- 18 heures, 19 heures. La nuit.
    ----Une nuit d’héroïsme. Une de ces nuits où l’Histoire s’écrit. Les hommes sont à leur poste. Au loin Dunkerque brûle. Les avions oiseaux nocturnes, oiseaux en croix font du ciel un lieu maudit. La mer du Nord devient la vaste sépulture des hommes de la mer et des mâtures brisées.
    ----La mer devient houleuse. A ces vagues de l’eau, répondent les vagues des stukas et, comme un cri d’enfer, les bruits des sirènes et des détonations.
    6 jours et 6 nuits devant la ville, le port et la côte en feu.
    ----1er Juin – La nuit a passé et six autres jours et leurs nuits ont passé aussi. Il n’y a pas d’ordres. On louvoie sous le vol intermittent des oiseaux de mort.
    ----De la deuxième flottille, il reste seul. Hier, le l’«Orage» est rentré sans avant; mais il est rentré, et le «Cyclone», lui a sombré.
    ---- Le «Foudroyant» appareille sur Dunkerque, finalement, et vers sa destinée. C’est de nouveau la nuit. Il n’a jamais fait si beau. La mer est calme. L’eau glisse sans bruit le long des coques du «Foudroyant».
    ----Le contre-torpilleur file 25 noeuds. Il fonce dans la passe, entre les balises. Là bas, les pétroles brûlent. La côte devient un dragon monstrueux qui crache tout ensemble le feu et la fumée. Les oiseaux de nuit hantent le ciel. Sur le «Foudroyant» les mitrailleuses jumelées 13-2 débitent sans répit.
    ----Dialogue mortel.
    ----La nuit parait éternelle.
    ----Tout à coup un choc plus violent que les autres. La bête de feu est mortellement touchée. Une rumeur circule : la pièce 8 a été écrasée.
    ----Le navire, qui était ce matin encore l’orgueil de la marine française s’incline et s’enfonce. Pas un cri. Tous les hommes sont à leur poste. Certains donnent des ordres. D’autres les exécutent tandis que le quartier-maître Adam continue à tirer.
    ----Les hommes sont aussi touchés. Certains sont brûlés vifs supplice de damnés, avant le premier rayon du jour, entre le feu et l’eau. Pourtant, l’équipe de sécurité s’est précipitée sur les vannes d’arrêt des chaudières et l’explosion est évitée.
    ----Le «Foudroyant» est graduellement enseveli, et 150 hommes, exécutent l’ordre qu’ils ont reçu quelque jours plus tôt, font contre l’impossible une «guerre d’enfants perdus».
    …. 150 hommes sont sauvés au chant de la «Marseillaise»
    ----Mais seul sur la plage d’avant, le commandant reste sur l’étrave de son bâtiment. Il assiste à ce spectacle inouï: les 150 hommes s’efforçant de surnager en chantant la «Marseillaise».
    ----C’est à ce moment que les marins du dragueur de mines «Bernadette» arrivent pour sauver l’équipage. Les hommes se sont bien défendus. A 11 heures 30 le sauvetage est terminé. Sur le «Bernadette», un capitaine de corvette fouille sa poche. Il en sort un monocle qu’il essuie avec son mouchoir mouillé. Il l’ajuste (cela fait partie de son visage de marin) avant de se présenter au maître-principal de manoeuvres: Stalberger:
    ----- Fontaine, commandant du «Foudroyant».
    ----Le contre-torpilleur pavillon haut, le héros de fjords de Norvège et de l’estuaire de l’Escaut , deux fois cité à l’ordre de l’armée, n’est plus qu’une épave au fond des mers.
    ----Mais le commandant Fontaine accusé selon les lois de la tradition maritime, sera glorieusement acquitté.



  • Plongées sur "Le Foudroyant"






  • Sources:

  • "Equipe dkepaves":
  • fiche épave n°12 DK Plongée.
  • journal "La voix du Nord".
  • livre: "DUNKERQUE 350000 hommes à la mer".
  • notes de Mr. Dehaene.
  • "Ronny Verpoorte":
    "Le service historique de la défense"
    "Robert Roussy":
  • photo de Marius Bar.
  • "Bruno Pruvost":
  • Articles parus dans le "Nord-Maritime du 27 juillet 1941" et la "Voix du Nord du 16 mai 1994", extraits des Archives Municipales de Dunkerque.


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