U 16 (UBoot)



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photo source: http://www.subsim.com/radioroom/

  • Nationalité: Allemande
  • Type: Uboot
  • Taille: 42,70m x 4,08m x 3,90m
  • Position: 51°09.067' N / 1°28.118' E
  • Profondeur max: 22m
  • Coulé le: 25 octobre 1939





  • Histoire - Circonstances:
  • Le 25 octobre 1939 le patrouilleur "HMS Puffin" et le chalutier "HMS Wyke Cayton" britaniques, ont attaqué et gravement endommagé le sous-marin U16 près de Douvres. Il pût fuir cependant et faire parvenir un message au quartier général.
    Depuis lors, jamais de réponse n'a été reçue par le navire.
    Il était tard dans la journée à la position 51° 9'N et 1° 28'O et il était découvert couché dans le secteur AN 7986 dans des eaux peu profondes (Goodwin Sands). Il venait d'être coulé par l'aviso "Epinal" (Commandant Ber, ingénieur mécanicien Gattepaille). Les 28 membre d'équipage ont péri.
    Les Britanniques ont trouvé des documents secrets précieux et aussi douze morts sur le bateau qui pourraient être récupérés. Le Lieutenant Wellner, vivant mais frappé de congestion a été recueilli par l'aviso "Epinal"; il décédera avant son arrivée à Dunkerque. Cinq de ses hommes ont été repêché au même endroit et ils seront enterré dans le cimetière de Dunkerque. Un homme de l'équipage a été retrouvé à la côte d'Ameland (NL).


  • Historique:
  • Bâtiment de type 2 B.
    Commandé le 2 février 1935 à Deutsche Werke AG, Kiel.
    Mis sur cale le 5 août 1935. N° de commande: 251.
    Lancé le 28 avril 1936.
    Mis en service le 16 mai 1936, par le Lieutenant Commandant Heinz Beduhn.
    Commandé du 1er mai 1936 au 29 septembre 1937 par le Lieutenant Commandant Heinz Beduhn.
    Du 30 septembre 1937 au 11 octobre 1939 par le Lieutenant Commandant Hannes Weingärtner.
    Du 8 octobre 1937 au 17 octobre 1939 par le Lieutenant Commandant Udo Behrens.
    Du 12 octobre 1939 au 25 octobre 1939 par le Lieutenant Horst Wellner.
    Fait partie de la 3ème flottille du 1er mai 1936 au 1er août 1939 et du 1er septembre 1939 au 25 octobre 1939.
    Participe à 3 patrouilles sous le commandement du Lieutenant Commandant Hannes Weingärgner:
    - du 25 août au 31 août 1939 au départ et retour de Wilhelmshaven.
    - du 2 au 8 septembre 1939 au départ de Wilhelmshaven et retour à Kiel.
    - du 13 septembre au 5 octobre 1939 au départ et retour de Kiel.
    La dernière mission sous les ordres du Lieutenant Horst Wellner au départ de Kiel s'achèvera huit jours plus tard au large de Douvres.

    Fin du navire: coulé près du Goodwin Sands le 25 octobre 1939 par le navire aviso "Epinal".

  • Description sommaire:
  • Déplacement: 279 tonnes en surface et 329 tonnes en plongée.
    Longueur: 42,70m, largeur: 4,08m, hauteur: 8,60m, tirant d'air: 3,90m.
    Vitesse: 13 noeuds en surface et 7 noeuds en plongée.
    Moteurs:
    - deux moteurs Diesel MWM
    - deux moteurs électriques SSW.
    Puissance: 700cv en surface et 360cv en plongée.
    Armement:
    - 3 tubes lance-torpilles avant de de 533 mm.
    - cinq torpilles.
    - 4 canons anti-aérien FLAK de 20mm.



    Extrait de l'article du " Nouveau-Nord du 27 octobre 1950" .


    L'AVISO «EPINAL» RAMENAIT A DUNKERQUE
    Le commandant d'un sous-marin allemand qu'il venait de couler.



    ---- Le 29 octobre 1939, en première page, sur trois colonnes, le «Nord Maritime» annonçait: «Un sous-marin allemand coulé aux abords de Dunkerque». L’article comportait plusieurs coupures et en particulier le nom du patrouilleur avait été censuré. Puisque ces faits appartiennent à présent à l’histoire, nous voulons profiter de ce jour anniversaire pour révéler à nos lecteurs qu’il s’agissait de l’aviso «Epinal» (Commandant Ber, ingénieur mécanicien Gattepaille) et dont l’équipage était composé en majeure partie de Flamands et de Normands.
    ----«Les premiers morts de la guerre qui entreront à la nécropole de la Cité de Jean Bart, concluait le journal de Dunkerque, seront des marins allemands». Effectivement, l’aviso «Epinal» avait réussi à recueillir vivant le commandant du sous-marin qui, frappé de congestion, malgré les soins apportés, ne survécut pas et fut débarqué à Dunkerque pour y être inhumé avec six marins allemands repêchés au même endroit. Trois seulement purent être identifiés : Le lieutenant de vaisseau Abelter Wellner et les marins Schneider et Bieker.
    ----L’aviso «Epinal» avait été construit à la fin de la première guerre mondiale. La silhouette rappelait celle d’un cargo et son faible tirant d’eau le rendait peu vulnérable à la torpille. Si ce subterfuge fut efficace pendant quelque temps en 1918, il ne l’était plus guère en 1939, car les commandants de sous-marin allemands ne s’y trompaient plus. Ils estimaient même que ces bâtiments ne valaient pas une torpille, aussi se contentaient-ils des les éviter en plongeant dès qu’ils les apercevaient dans leur périscope. L’Aviso «Vauquois» qui sauta sur une mine magnétique et sombra en quelques secondes engloutissant son commandant (Ct Villebrun) et tout son équipage, était du même type. Leur coque était peu épaisse, mais ces bâtiments étaient capables d’affronter de fortes tempêtes.
    ---- L’«Epinal» constituait avec l’aviso «Arras» (Ct Dagorn)et le «Mouchez», le groupe des avisos patrouilleurs du Pas de Calais.
    ----Le 26 octobre 1939, l’Amiral de Dunkerque avait été prévenu qu’un sous-marin allemand devait tenter de franchir le Pas-de-Calais dans la nuit du 26 au 27 octobre. Ordre fut donné au groupe «Epinal» de s’opposer à son passage et de le détruire si possible. L’escadrille d’avisos appareilla sur le champ le 26 octobre pour se rendre derrière les champs de mines qui barraient le Pas de Calais.
    ---- Le temps était mauvais, le froid s’accentuait, et la mer grossissait.
    ---- Le bruit avait couru que déjà de hardis commandants de sous-marins avaient réussi à franchir les défenses anti-sous-marines par nuit bouchée ou par brume, escomptant l’absence de patrouilleur ou espérant tromper leur vigilance.
    ---- Le passage par le Pas-de-Calais, non seulement leur évitait de contourner l’Angleterre pour se rendre sur leur lieu de patrouille mais l’urgence de leur mission, parfois, leur imposait de tenter l’aventure. Sans doute en fut-il ainsi pour le sous-marin repéré le 26 octobre.
    ---- Avant la chute du jour, les avisos avaient pris place dans leur secteur de patrouille que leur avait assigné le chef de groupe. L’«Epinal» occupait celui de la bouée du «Colbart». Pendant toute la nuit, la visibilité fut très variable. Parfois des éclaircies permettaient une vue moyenne d’un mille. Raison de plus pour redoubler de vigilance et d’attention. L’Amiral avait ordonné que tous les moyens de combat puissent être mis en action simultanément. Ni le nombre des officiers, ni celui des marins ne permettaient d’assurer complètement l’armement par bordée. L’équipage en entier devait être nécessairement employé: il le fut. Il le fut avant d’autant plus de zèle et de foi que tous les hommes de l’escadrille étaient convaincus de l’efficacité de leur action. Déjà le 2 octobre 1939, grâce à leur vigilance, le pétrolier « Lot » escorté par eux de Dunkerque à Cherbourg avaient échappé à l’attaque nocturne d’un sous-marin. Il avait été aussi tôt grenadé et peut-être avait-t-il été coulé? Aujourd’hui le temps semblait plus favorable encore.
    ---- L’aviso «Epinal» était bien armé malgré ses mille tonnes de jauge. Deux canons de 145 m/m, un canon de 75, deux canons de 37 anti-aériens, quatre lance-bombes, un filet contre sous-marin, des mitrailleuses et un grenadeur à l’arrière.

    On ne pouvait seulement que regretter que les locaux qui avaient été prévus pour l’écoute sous-marine depuis 1920 soient demeurés vides. Les seuls moyens de détection restaient les yeux et les oreilles. C’est pourquoi, il n’y en avait jamais trop sur le pont. Et voila pourquoi, malgré la fatigue, malgré le froid, tout le monde était là, présent à son poste, conscient de son utilité et plein d’ardeur du désir de voir surgir un périscope ou la masse d’un sous-marin. Ils attendaient. L’attente est longue surtout la nuit : les minutes s’écoulent lentement et la tentation de s’assoupir demeure grande. De temps à autre un gradé passait près de chaque homme pour s’assurer que tout allait bien: « N’ayez crainte, chef, je suis paré ! » ils ne songeaient pas au danger qu’ils courraient eux-mêmes
    ----L’«Epinal» n’était pas démagnétisé et chacun savait que s’il passait sur une mine magnétique, aucun n’en reviendrait.Ils avaient vu des cargos aux tôles épaisses, éventrés, brisés comme des jouets par l’effet de ces mines. En bas, dans la machine, on ne voyait rien, mais on en savait tout autant que le camarade qui était sur le pont. On savait qu’un sous-marin était dans les parages et que tout à l’heure, peut-être, le commandant allait demander aux machines l’effort maximum pour bondir sur l’ennemi et le détruire. Tous les mécaniciens et chauffeurs, de l’ingénieur au matelot étaient là, parés à manoeuvrer depuis des heures, et cela pouvait durer longtemps. Ils savaient qu’ils étaient dans une zone dangereuse mais n’y pensaient pas. Ils avaient confiance dans leur chef. Tout à coup une voix forte, amplifiée par le mégaphone et le silence de la nuit, s’écria: «Alerte à bâbord 40 degrés!» puis: «Mitrailleuses et 37, feu continu!» Les hommes ont repéré le point noir dans la direction indiquée à cinq cent mètres environ. Immédiatement crépitements, rafales. La masse noire est criblée de balles. Le navire tourne maintenant autour. Bientôt elle disparaîtra Dommage! Ce n’était qu’une mine échappée de nos champs. Et le navire retombe dans le silence et reprend inlassablement sa croisière de barrage. La veille recommence et ce sera de nouveau l’attente! «Les machines en avant toutes!» vient de commander la passerelle. L’«Epinal» bondit, le sillage plein d’écume semble un chemin neigeux. Le commandant vient d’apercevoir un objet suspect à l’horizon. Avant d’ouvrir le feu, il désire reconnaître l’objectif. Il sait que ses hommes sont alertés et «parés». «Démasquez projecteur!» puis un instant après: «Eteignez!» Le commandant vient de distinguer à la jumelle un chalutier boulonnais. Fausse alerte: dommage! La déception est grande pour tous. Il ne faut pas se décourager pour autant. Il faut veiller, guetter toujours.
    ----La mer baisse, les champs de mines sont devenus infranchissables et les bancs de sable très dangereux. La seule présence d’un patrouilleur, si elle est décelée, peut conduire l’ennemi à prendre une décision qui lui sera peut être fatale. Voudra-t-il affronter un combat en surface avec l’«Epinal»? Certes non! Va-t-il faire demi tour? Va-t-il plonger? Tout est danger pour lui.
    ----Une centaine de veilleurs fouille la nuit, l’oeil scrutateur, l’oreille tendue. Au moindre bruit, au moindre objet aperçu, le doigt est sur la gâchette, prêt au tir. Quelques tours de manivelle, et en quelques secondes voici égrainé une douzaine de grenades qui si elles n’éventrent pas immédiatement le sous-marin, vont le blesser à mort. Il se posera sur le fond qui est petit en cette région. Et si l’avarie est irréparable, le commandant et son équipage essayeront de s’échapper de ce cercueil d’acier et de revenir en surface.
    ----Mais le froid est devenu de plus en plus incisif. Combien d’entre eux survivront à la congestion? Qu’importe, tous veulent tenter leur chance. Et c’est ainsi que les hommes de l’«Epinal», tireront, encore vivant, de l’eau glacée, le commandant allemand Abelter Wellner, très chaudement vêtu, mais ne repêcheront que les cadavres des marins qui n’ont pu résister à la congestion et qui tenaient encore, serrée entre leurs dents, l’embouchure de leur bouée spéciale de sauvetage et sur laquelle on pouvait lire: « U14»


    - - - - - - - - - - - -- - - -- -- -- - - - - - - - - - - -- ----CH. NAUTAL.


    - - - - - - - - - - - -- - - - - -- ----Le Nouveau Nord 27 octobre 1950


    L'article ci-dessus relate par erreur le naufrage du sous-marin "U14" (sabordé le 2 mai 1945). La confusion peut être justifiée par le gilet marqué "U14" porté par le Commandant Wellner lors du naufrage. Celle-ci, probablement due à l'embarquement récent du Commandant Wellner sur le "U16" après une campagne sur le "U14" du 5 octobre 1937 au 11 octobre 1939.


    Extrait de l'article du " Nord-Maritime du 29 octobre 1939" .

    Un sous marin allemand est coulé
    aux abords de Dunkerque.


    LES CORPS DE SIX MEMBRES DE L’EQUIPAGE DU SUBMERSIBLE SONT RAMENES A l’HÔPITAL MILITAIRE DE NOTRE VILLE

    ON PROCEDERA AUX FUNERAILLES COLLECTIVES, DEMAIN
    DIMANCHE AU CIMETIERE DE DUNKERQUE


    ----A la suite de quelles circonstances, un sous-marin allemand, dont on connait le nom et le numéro a-t-il été mis hors de combat devant Dunkerque et coulé ? Nous ne pouvons le dire. Il est probable d’ailleurs que le Ministre de la Défense Nationale fera à ce sujet les communications qu’il jugera utiles et opportunes. En tous cas, il nous sera permis de constater avec satisfaction que la plus grande vigilance s’exerce au large de notre établissement maritime. Vendredi, dans l’après-midi, un navire patrouilleur ramenait au port quatre cadavres de sous-mariniers allemands encore revêtus d’une partie de leur uniforme et qui avaient été repêches en rade. Il s’agissait d’hommes jeunes.-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
    ----Ce dernier paraissant encore donner signe de vie, on s’empressa de lui prodiguer les soins nécessaires durant l’acheminement à Dunkerque. A l’arrivée du navire précipité des ambulances accoururent avec des appareils de respiration artificielle. Tout fut tenté mais en vain. On devait constater finalement que la mort avait fait son oeuvre. Les quatre corps furent donc transportés à la morgue de l’hôpital militaire, avec tous les égards qui s’imposaient. On procéda à l’identification sur laquelle la plus grande discrétion nous est imposée.

    DEUX AUTRES CADAVRES

    ----Dans la soirée, deux nouveau cadavres de sous-mariniers allemands ------------------------------------------------------ Ils furent transportés à l’hôpital militaire ou six corps étaient cette nuit alignés et gardés par des factionnaires. --------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    L’ENQUETE DE L’AMIRAUTE

    ----Le contre-amiral Platon, commandant de la marine, a ouvert, dès hier, l’enquête nécessaire sur les résultats de laquelle, bien entendu est observée également la plus rigoureuse discrétion.

    D’AUTRES CORPS FLOTTENT AU LARGE


    ----D’autres corps de sous-mariniers allemands flottent au large et viendront sans doute s’échouer sur notre littoral.
    ----Il va sans dire que les navires de guerre s’emploient à les repêcher afin de leur donner également une sépulture en Flandre maritime.

    LA MISE EN BIERE

    ----A 11 heures ce matin, l’administration des Pompes Funèbres procède à la sextuple mise en bière.
    ----Cette cérémonie fut empreinte de la correction qui est de règle devant la mort. Des officiers et des soldats y assistaient en témoins muets et dignes.
    ----Chacun des corps était enveloppé de toile blanche. Six cercueils de chêne clair et vernis, aux poignées de métal argenté et ornés d’une croix reçurent les cadavres. Sur chaque bière une carte est fixée, destinée à l’inscription des noms et autres renseignements d’identité.
    ----Placés sur des tréteaux les six cercueils resteront ainsi jusqu’à l’heure des funérailles qui auront lieu demain dimanche à 14h30.
    ----Conformément à l’usage les Honneurs militaires seront rendus.

    AU CIMETIERE DE DUNKERQUE

    ----C’est au cimetière de Dunkerque que seront inhumés demain après-midi, les six cercueils actuellement alignés à l’hôpital militaire.
    ----Ainsi les premiers morts de la guerre qui entreront à la nécropole de la cité de Jean-Bart seront des soldats allemands.
    ----Une large fosse est actuellement creusée dans l’ancien cimetière allemand situé à côté du carré réservé aux défunts protestants. Ce cimetière avait été désaffecté il y a quelque mois, par suite d’une centralisation demandée par le gouvernement du Reich. Les corps d’allemands non réclamés par les familles avaient été transférés au cimetière de Zuydcoote.

    --- - - - - - - - - -- - - - - -- -------Nord Maritime 29 octobre 1939.



    Extrait de l'article - 1 du " Nord-Maritime du 30 octobre 1939" .


    Les funerailles ---------------------------- de six marins
    du sous-marin allemand




    ----A l’heure dite, M. l’abbé Honoré, aumônier du Foyer du Soldat et du Marin, mobilisé, procéda à la levée des corps en compagnie de M. le pasteur Charbonnaud. Après que le prêtre catholique, revêtu de l’étole, eut prononcé les prières de l’absoute, et récité le «Libéra», le pasteur protestant eut une courte méditation sur la mort et le salut apporté à l’humanité par le Christ.
    ----A cette cérémonie, assistaient, outre le médecin chef de l’hôpital, le commandant major Guerillon et le médecin commandant Frédéric Lefèvre, MM. le contre-amiral Platon, commandant la Marine; le commandant adjoint Le Gall, le général de division Tencé, gouverneur de Dunkerque; le chef d’Etat- Major commandant Hugon, un officier de la marine britannique, plusieurs officiers de la place; MM. Saugrain, commissaire divisionnaire de la police spéciale, Preuilh, commissaire central; Noël, commissaire du premier arrondissement.
    ---- Dès que furent terminées les dernières prières, les employés des Pompes Funèbres, sous la direction de M. Le Roy, directeur, s’emparèrent du cercueil de l’officier, qu’ils hissèrent sur le premier corbillard stationné devant la porte. Un détachement de canonniers du bataillon de la côte, en armes, com-mandé par un premier maître rendit les honneurs; puis le corbillard s’éloigna de quelques pas; un second prit sa place et on y déposa le deuxième cercueil.
    ---- Ainsi procéda-t-on pour les quatre autres, les honneurs étant rendus à chaque fois par la troupe, cependant que dans la foule massée sur les trottoirs les hommes restaient découverts. Accompagné d’un acolyte, portant la croix, M. l’abbé Honoré prit la tête du cortège qui s’achemina lentement vers le cimetière, précédé à une courte distance d’un détachement de canonniers marins, baïonnette à l’épaule.
    ---- En tête du groupe des autorités civiles et militaires qui suivraient le dernier corbillard, avaient pris place le contre-amiral Platon et le pasteur Charbonnaud, puis immédiatement derrière, les commandants Le Gall et Hugon et l'officier de la marine britannique ayant le grade de lieutenant de vaisseau. Un peloton de marins sans armes avait pris place à la suite des officiers.
    ------Le cortège était fermé par un second groupe en armes.
    ---- Ajoutons que deux marins, l’arme basse, escortaient, placés de chaque côté, chacun des six chars funèbres.
    ----Sur tout le parcours, des rues des Chaudronniers et Clémenceau, de la place Jean-Bart, des rues Gambetta, de Beaumont et de Furnes, une foule considérable était massée, grave, silencieuse, ne manifestant extérieurement aucune impression. On se découvrait néanmoins unanimement devant le défilé des cercueils.
    ----Aux abords du cimetière, une foule immense également: elle avait peine à circuler, notamment dans la courte avenue qui y mène et où avaient pris place de nombreuses marchandes de chrysanthèmes.




    L’aumônier catholique mobilisé, M. l’abbé Honoré,
    directeur du Foyer du Soldat et du Marin,
    récite les dernières prières.

    ----A l’arrivée du premier char, le détachement de tête qui avait pris position devant l’entrée, se mit au port d’armes, tandis que les corbillards entraient l’un derrière l’autre par la grande grille latérale pour se placer à proximité de la grande fosse creusée, comme nous l’avons dit, dans un terrain jadis déjà occupé par des sépultures allemandes. L’un après l’autre, les cercueils toujours enveloppés du drapeau allemand sont séparés et sont disposés côte à côte dans la fosse; à la tête de chacun d’eux et au fur et à mesure est plantée la croix de bois blanc et l’on y pose la couronne; la grande couronne offerte par la marine britannique est posée à la tête du premier cercueil.
    ---- Le pasteur lit un texte méditatif où est exaltée l’immortalité de l’âme; le prêtre catholique récite une dernière absoute et bénit les cercueils, puis l’assistance qui se signe.
    ----De brefs commandements se font entendre dans le silence: les détachements en armes remettent baïonnette au fourreau et s’en vont. Le détachement sans armes reste auprès de la tombe jusqu’à ce que la besogne des fossoyeurs recouvrant de terre, les cercueils, se soit achevée.
    ----Il était 15h30 quand tout fut fini.

    --- - - - - - - - - -- - - - - -- -------Nord Maritime 30 octobre 1939.



    Extrait de l'article - 2 du " Nord-Maritime du 30 octobre 1939" .


    Les obsèques du commandant et des cinq marins
    du sous-marin coulé devant Dunkerque

    Comment seront rendus les honneurs militaires

    ----Le cérémonial qu’il convenait de donner aux obsèques collectives des six marins allemands détruits, à fait l’objet d’un examen grave et attentif de notre amirauté.
    ---- Il y avait à considérer, tout d’abord, les règlements de la Marine en temps de guerre, les usages séculaires de nos marins et toutes les questions ressortissant au moindre sentiment d’humanité.
    ---- En cette circonstance, le devoir s’imposait de faire ce qui devait être fait, sans tomber dans une exagération qui n’eût été qu’une déviation ostentatoire de notre générosité naturelle. Aux six marins allemands, on -------------------- donne ------------- ce à quoi ils ont ----------------- droit, selon les traditions françaises.
    ---- En l’occurrence, pour fixer les directives opportunes, nulle autorité n’était mieux qualifiée que celle du chef qui, maintes fois, nous a donné les preuves d’une haute délicatesse jointe à une grande élévation d’âme et une générosité foncière.
    ---- En premier lieu, les honneurs militaires sont, règlementairement dus --------------------------------------------------.
    ------Il y avait ensuite à régler la question de l’assistance du clergé. Ce devoir était particulièrement imposé au lendemain de l’Encyclique où Pie XII s’exprime en ces termes: «La rééducation de l’humanité, si on la veut vraiment efficace, doit être avant tout spirituelle et religieuse, partir du Christ comme de son fondement indispensable, avoir la justice comme inspiratrice et la charité comme couronnement».
    ---- Les six morts allemands appartenaient sans doute à la religion réformée. On n’en a pas moins sollicité les secours de la religion catholique dont le clergé se joindra au clergé protestant. Des ministres de ces deux cultes célèbreront chacun l’office des morts, à l’hôpital militaire et au cimetière, et cela dans un ordre alterné. Les clergés n’ont fait aucune différence à accepter cet arrangement dans un esprit de chrétienne charité et de chrétienne entente qui ne sera pas la moindre des leçons de ces obsèques. Chacun de nos ennemis défunts recevra ainsi et prendra de la sorte, ce dont il a besoin, sous la forme qui lui convient ------------------------- .
    ----Chacun des cercueils est drapé d’un pavillon aux couleurs allemandes barré de la croix de Malte noire, symbole de l’Allemagne de tous les temps. Pas de croix gammée. Peut-être a-t-on manqué des éléments nécessaires à la confectionde cet emblème. Peut-être aussi l’a-t-on délibérément exclu. Nous ne savons. L’étamine noire que la Marine Française n’utilise pas pour la confection de ses pavillons a été remplacée dans les six drapeaux allemands par de la lustrine noire. On a fait ce qu’on a pu.
    ---- Ajoutons que sur chaque cercueil sera déposée une couronne de fleurs avec cette inscription: «La Marine Française à un marin mort pour sa patrie».
    ----Tout cela procède d’un haut sentiment de correction. Quant à la foule qui voudra sans doute voir passer le cortège, il serait utile de lui rappeler quel devoir de convenance s’impose à cette occasion. Les Dunkerquois se comporteront comme toujours en patriotes conscients des obligations du moment et des traditions du pays de Jean-Bart.
    ---- On a appris qu’en Allemagne les honneurs militaires sont rendus aux morts français, qu’on a joué la «Marseillaise» et que même des discours ont été prononcés. Ce n’est pas le souci de donner quelque chose en échange qui dictera notre conduite cet après-midi. Nous ferons notre devoir tout simplement avec le seul désir que de l’autre côté de la frontière on sache dans quel esprit nous l’avons fait.

    LE CORTEGE FUNEBRE

    ----Le cortège funèbre se composera de six corbillards -------------------------- qui transporteront chacun un cercueil. Il suivra l’itinéraire suivant: Rues Jean-Bart, des Chaudronniers, Président Poincaré, place Jean-Bart, rues Léon-Gambetta, de Beaumont et de Furnes, pour gagner la nécropole.


    On apporte à l’hôpital militaire les cercueils
    qui vont recevoir les restes des sous-mariniers allemands.

    ----M. l’abbé Honoré, aumônier catholique, directeur du Foyer du Soldat et M. le pasteur Charbonneau, de l’Association culturelle de l’Eglise réformée de France accompagneront le convoi, après avoir procédé à la levée des corps, à l’hôpital militaire.
    ----Une section des marins du bataillon de côte composera le piquet qui formera escorte jusqu’à la porte de la nécropole, les règlements exigeant que s’arrêtent là les honneurs militaires.
    L’INHUMATION

    ----Les six cercueils seront descendus dans la fosse. L’aumônier catholique et le pasteur protestant réciteront les dernières prières et ainsi se terminera la cérémonie.

    PAS DE NOUVEAUX CADAVRES A LA CÔTE

    ----La mer n’a pas rejeté de nouveaux cadavres à la côte. On faisait courir le bruit que plusieurs corps avaient été repêchés près des ateliers et chantiers de France: ce qui est absolument faux.

    Aucun corps n’a été découvert jusqu’à présent
    dans l’épave du sous-marin allemand échoué


    Les fossoyeurs creusent la fosse où seront inhumés, cet après-midi à côté du cimetière protestant,les six cercueils.


    ---- LONDRES. 28(Reuter).
    Il est maintenant établi que, jusqu’à présent, aucun corps n’a été découvert dans l’épave du sous marin allemand trouvée
    sur les bancs de sable du Goodwins.
    -------------------------------------------------------------------------------------------------------------Nord Maritime 30 octobre 1939.



    Extrait de l'article du " Nord-Maritime du 31 octobre 1939" .


    Un épisode de la Nouvelle Guerre

    LES FUNERAILLES ------------------------------------------ DE SIX MARINS du SOUS-MARIN ALLEMAND



    ----Ainsi qu’il avait été annoncé, hier dimanche à 14 heures 30, ont eu lieu à Dunkerque les funérailles ---------------------------------------------------- des cinq hommes d’équipage appartenant au sous-marin coulé devant Dunkerque.
    ----Une foule de curieux se pressait aux abords de l’hôpital militaire, rue Jean-Bart, où un service d’ordre assuré par la police municipale avait fort à faire pour canaliser à une certaine distance le flot discontinu des arrivants. Cette foule était d’ailleurs absolument silencieuse.
    ----Dans la cour de l’hôpital, les six cercueils étaient disposés côte à côte devant le dépôt mortuaire.




    Le cortège se met en route. En tête le contre-amiral Platon suivi du
    commandant Le Gall et l’officier de marine britannique.


    Au cimetière. Les personnalités militaires devant la tombe pendant que le pasteur protestant lit une courte méditation.


    ----Un crucifix posé sur une table recouverte d’un drap blanc et flanqué de deux cierges avait été disposé à leur tête.
    ----De chêne clair avec poignées de métal, chaque cercueil supportait une croix du même bois sur laquelle étaient peints les noms et matricules de chacun des défunts; de plus, une carte clouée sur le couvercle portait pour chacun les mêmes indications.
    ----Des drapeaux aux couleurs allemandes, coupées de la croix de Malte recouvraient ces cercueils, sur lesquels des couronnes étaient déposées avec cette inscription: «Marine Française».
    ---- On remarquait une grande couronne avec cette inscription: «La Marine Britannique».




    -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Nord Maritime 31 octobre 1939.


    Les articles ci-dessus ont été censurés lors de leur parution. Certaines phrases, ont été extraites par les autorités de l'époque et sont représentées dans les textes par des lignes pointillées.

  • Sources:

  • "Equipe dkepaves".
    "Bruno Pruvost":
  • Articles du journal "Nord-Maritime" du 29, 30 et 31 octobre 1939.
  • Article du journal "Nouveau-Nord" du 27 octobre 1950.
  • "Sites":


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