Treffry



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  • Nationalité: Anglaise
  • Type:ancien remorqueur à vapeur
  • Position: 51°03.12' N / 2°22.70' E
  • Profondeur max: échoué sur la plage
  • Taille: 16.35m x 4.90m
  • Coulé le: 3 juin 1934






extrait du livre "Fortunes de Mer"

Le 3 juin 1934 vers 19 heures, le Treffry, vieux remorqueur, de 64 ans, qui avait quitté Anvers la veille au soir fut contraint par une avaraie à se mettre à la côte. Quatre de ses occupants rejoignirent la côte à la nage et se réfugièrent dans des cafés (Jessehennet, Woolcock, le capitaine Mac Mename Alexander, Esden). Une enquête fut ouverte le lendemain, lorsqu'un journalier qui se trouvait près de l'épave y découvrit du fin tabac blond (2 tonnes). Les quatre hommes furent interrogés, aucun connaissement de douane n'accompagnait les marchandises, et le capitaine dut reconnaître que le vieux bateau servait bien à la contrebande en Angleterre. Les hommes furent confiés à la police anglaise tandis que l'épave du Treffry, à côté de laquelle furent ensablés les deux tonnes de tabac inutilisables, resta de longues années une attraction pour les promeneurs.




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extrait du livre "Drames en Mer"
de René Dehaene

La nouvelle tombe brutalement au cours de la soirée du Dimanche 3 Juin 1934: un petit bateau de contrebande vient de s'échouer sur la plage de Dunkerque.
Prenons le fil de l'événement: Vers dix-neuf heures, les promeneurs sur la digue de Dunkerque-Malo-les-Bains aperçoivent une sorte de petit bateau à vapeur, qui paraît se trouver en difficulté en bordure de mer.
En fait, le navire est échoué; de nombreuses personnes se rendent sur la route menant à la statue de Tixier, afin de mieux se rendre compte de l'accident; ils observent les signaux lumineux et les fusées de détresse.
Un peu plus tard, Alfred Robelet, propriétaire du café: "A la vague" sur la digue de Dunkerque, voit entrer dans son établissement, deux hommes aux vêtements trempés et claquant les dents.
Il s'agit de deux des occupants du Treffry, Jessekennet (28 ans) et Cedric Woolcock (33ans), ne parlant pas le français.
Robelet s'empresse de secourir les deux marins.
Deux autres naufragés Anglais eux aussi: le Capitaine Mac Menamie Alexander et le mécanicien Esden, arrivent dans les mêmes conditions au café Faidherbe, dont le tenancier est: Anicet.

Peu de temps après, un préposé des douanes se rend en ces lieux pour visiter la valise et les vêtements des quatres hommes; le lieutenant de port Evrard fait de même et apprend que le bâtiment échoué n'est autre que le vieux remorqueur Treffry.
Le navire, qui avait quitté Anvers la veille au soir vers vingt et une heures, subit une avarie de machine qui contraint le Capitaine à mettre son navire à la côte.
La confusion des explications du Capitaine et le mutisme des hommes de l'équipage semblent suspects aux autorités.
Cojan, Administrateur en chef de l'Inscription Maritime, les gendarmes maritimes, Nauroy Directeur des douanes, arrivent sur les lieux, mais il fait nuit et la décision est prise de remettre l'enquête au lendemain matin lundi, au moment de la marée basse.
A ce moment là, on aperçoit sur la plage de nombreuses pièces en bois provenant du navire et témoignant de son état de vétusté.
Tout à coup, Joseph Fleurbey, journalier, qui se trouvait tout près de l'épave s'écrie: "Il y a du tabac dans les cales!".
En effet, un liquide brunâtre à l'odeur caractéristique s'échappe de la coque.
L'enquête conduite par l'Inspecteur des douanes Terrier, assisté du Capitaine Dewinter, du Lieutenant Rousse et du préposé Dupont est poussé à fond.
On découvre en effet, entassées dans les cales, environ deux tonnes de tabac fin de grande valeur.
Le proconsul britannique Garvin Wild procède à l'audition du Capitaine, tandis que le pasteur Anglais Molyneux se rend au café "A la vague" pour s'enquérir de l'état de santé des matelots.
A midi, l'équipage est conduit place Alfred Petyt, au Seamens Institute pour interrogatoire par les autorités douanières.
Le trafic du Treffry paraît très mystérieux: aucun manifeste ni connaissement de douane n'accompagne la marchandise; une plaque métallique trouvée à l'intérieur du navire porte l'inscription: 1870.
Sommes-nous en présence d'un bâtiment vieux de soixante quatre ans et se livrant à la contrebande de tabac de valeur?
D'autre part, un témoin digne de foi: le Colonel Cousin, officier du génie en retraite, affirme avoir vu vers dix neuf heures trente, peu de temps après l'échouement, un homme, accompagné d'une dame, se déshabiller et se mettre à l'eau pour gagner le remorqueur à la nage tandis que la dame emportait aussitôt les vêtements du "sauveteur" et disparaissait.
Au cours de l'enquête, le Capitaine déclare qu'il transportait deux tonnes de tabac pour le compte de l'armateur Spoons, de Fowey, et que par suite d'avaries de machine, il avait actionné la sirène de son navire et lancé deux fusées de détresse.
Déclarations contredites par les guetteurs du sémaphore de Zuydcoote qui affirment n'avoir, à aucun moment, constaté que le Treffry demandait du secours mais que, par contre, se rendant compte des difficultés éprouvées par le navire aux prises avec une mer démontée, ils avaient prévenu la Société Dunkerquoise de Remorquage et de Sauvetage.
Cette dernière avait alors dépêché le "France" qui n'eut pas à intervenir, le Treffry étant déjà échoué.
L'enquête se poursuit au Consulat Britannique au cours de l'après-midi du mardi 5 Juin; elle est menée par les représentants des administrations de la marine et des douanes.
Pressé de questions, le Capitaine se départit de sa réserve et reconnait qu'effectivement, le vieux navire servait à la contrebande, en Angleterre.
La cargaison de tabac, chargée à Anvers au cours de la journée du 2 Juin devait être débarquée dans les environs de Londres, à un endroit qui devait être indiqué au Capitaine, à son entrée dans la Tamise.
Sans provisions de bord ni réserve de combustibles de soute, l'équipage disposait seulement de la quantité de charbon nécessaire pour une traversée, par beau temps, d'Anvers à Londres.
Le matelot, le mécanicien et le chauffeur avaient été recrutés à Southampton, parmi les chômeurs, et embauchés pour neuf jours, sans aucune explication.
Le mystérieux sauveteur aperçu le Dimanche soir, n'est autre qu'un ancien soldat colonial, qui a voulu rester anonyme; il s'était courageusement mis à l'eau et avait réussi, à l'aide d'une bouée et d'une amarre, à établir un va et vient pour sauver le Capitaine et le mécanicien.
D'autre part, Robert Brisset, domicilié 25 rue des Poilus à Malo-les-Bains, offrit, ainsi que son frère, leurs concours aux naufragés.
Le vendredi 8 Juin, le Capitaine Mac Menamie Alexander quitte Dunkerque à bord de la malle "Picard", pour se faire arrêter à son débarquement à Folkestone, par les autorités anglaises; recherché pour d'autres affaires, il comparaîtra quatorze jours plus tard, devant la cour de Winchester.
Le mécanicien Esden et le chauffeur Jesse Kennet, également arrêtés sont retenus comme témoins, au procès relatif aux infractions aux règlements maritimes.
Cedric Woolcock quitte, non sans inquiétude, Dunkerque le 13 Juin, à bord d'un paquebot de l'A.L.A., pour être entendu par la police britannique; il s'agissait en réalité de l'armateur du remorqueur, chef de bande redoutable qui n'avait pas hésité à déclarer que l'ancien remorqueur avait été démoli pour pouvoir réaliser son trafic qui devait lui rapporter milles livres sterling soit environ soixante seize mille cinq cents francs au cours de ce jour; on suppose que le Treffry transportait aussi de la drogue qui aurait été jetée à la mer au moment de l'échouement.
A son arrivée en Angleterre, les policiers britanniques saisissent parmi les papiers du Capitaine Mac Menamie Alexander, l'acte d'abandon du navire, contresigné par le Consulat Britannique, qu'il aurait dû remettre à Cojan, Administrateur de l'Inscription maritime; ce sont les autorités anglaises qui feront parvenir ce papier.
Pendant tout ce temps, l'Administration des Douanes fait creuser au pied du navire naufragé de profonde tranchées pour y enfouir le tabac, devenu impropre à l'utilisation.
L'épave du Treffry restera pendant de nombreuses années l'attraction des promeneurs et des estivants.


  • Description sommaire:
  • Armateur : Chas.E.Treffry à Par (Cornouailles).
    Construit en 1870.
    Déplacement: 45Tonnes.



    photo dkepaves du 02/10/2004



    photo dkepaves du 02/10/2004



    photo dkepaves du 02/10/2004



    relevé de côtes effectué par "dkepaves" le 02/10/2004

  • Sources:

  • "Equipe dkepaves":
  • Livre "Fortunes en Mer".
  • Livre "Drames en Mer" de René Dehaene.
  • "Bruno Pruvost".
    "René Alloin".


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